Le titre de cet article vous étonne ? Ça ne devrait pas. Bien que Google semble avoir récemment amélioré la protection de la vie privée de ses utilisateurs sous Android 12, le géant technologique ne s’est pas passé de son activité principale : la collecte de données. En effet, Google a compliqué le processus d’accès aux paramètres de localisation de son système d’exploitation Android dans le but de ne pas permettre aux utilisateurs de le désactiver. Ou tout du moins, de rendre la chose bien plus complexe qu’elle ne devrait l’être.
Ainsi, Google peut librement faire une collecte de données chez tous ses utilisateurs. Grâce à ces données, les activités publicitaires d’ordre lucratif de Google continueront d’être florissantes surtout dans un contexte où le e-commerce et le e-Marketing ne font que prospérer.
Face à cette situation, plusieurs associations et ONG ont levé le voile en portant plainte contre Google – à lire : la bataille de Google MP3 ! – afin de permettre à tout le monde de découvrir qu’il récupérait des données de ses utilisateurs sans leur consentement explicite. Dans cette même lancée, une autre plainte contre Google a été déposée en France pour le traçage des utilisateurs via leurs smartphones.
Que nous révèle exactement cette affaire de collecte illégale de données par Google ? Découvrez-le dans cet article.
Sommaire
Des paramètres de confidentialité cachés par Google au fin fond d’Android
Ne vous fiez pas aux discours mielleux de la firme californienne lors du Google I/O 2021 et lors de la présentation d’Android 12. Avec les dernières versions d’Android, il est plus facile de contrôler ses paramètres de confidentialité. Il est même possible de désactiver son historique des 15 dernières minutes à l’aide d’un seul bouton. Face à cette facilité d’accès aux paramètres de localisation, l’entreprise fait face depuis 2018 à « une augmentation substantielle d’appareils désactivant les données de localisation » (selon Rémi de Mezabo). Pour ne pas perdre sa clientèle publicitaire, Google a donc pris la décision de rendre le processus de désactivation de paramètres de confidentialité plus compliqué.
Selon des documents du procès contre Google en Arizona aux États-Unis, Google aurait consciemment caché les paramètres de confidentialités pour la collection de données de géolocalisation à l’insu des utilisateurs d’Android. Les documents montrent également que la firme de Mountain View a fait pression sur des constructeurs de téléphones tels que LG pour qu’ils les aident à conserver les paramètres de confidentialité cachés.
La confidentialité chez Google a un prix
Il se pourrait que Google se soit joué des utilisateurs Android pour collecter des données à des fins publicitaires. Étant donné que de nombreux utilisateurs sont avisés de nos jours quant à l’utilisation de leurs données lorsque les paramètres de confidentialité sont moins stricts, de nombreux désactivaient les paramètres de confidentialité de leurs smartphones.
Face à cette situation, le géant du web, pour protéger son fonds de commerce, a décidé de cacher intentionnellement les paramètres de confidentialité et précisément les paramètres de localisation dans leur système d’exploitation. L’accès difficile à ces paramètres permettrait donc à Google de poursuivre aisément si on peut le dire, son activité de vente de données aux annonceurs qui utilisent les campagnes de publicité ciblées.
Le géant du Web aurait également réussi à faire pression sur des fabricants de smartphones en leur exhortant de cacher les paramètres de confidentialité durant la fabrication de nouveaux smartphones. Ceci dans le but de cacher ces paramètres par le biais de leurs surcouches Android.
Le constructeur Sud-Coréen LG avait déjà reculé d’un clic la page de localisation de ses smartphones. Ainsi, chaque utilisateur se devait d’effectuer un clic supplémentaire pour accéder à la fonction de localisation. De ce fait, moins les paramètres de localisation sont visibles et mieux c’est pour Google. Ainsi, le business de publicité sera de plus en plus florissant.
De même, selon un article publié par notre confrère 01net, de nombreux documents dévoilés lors du procès en Arizona prouvent que même lorsque le partage de localisation est désactivé, Google continue de collecter les informations de localisation d’un utilisateur donné et sans même lui avoir demandé explicitement son consentement auparavant.
La firme surpasse donc toutes les lois de désactivation de pistage pour une collecte de données en continu.
Jack Menzel l’ex-vice-président de Google et chargé de Google Maps avait lui-même révélé la difficulté de masquer sa localisation à Google. D’après lui, l’unique moyen de tromper le géant du Web serait de définir de façon aléatoire des adresses enregistrées. De cette façon, Google ne connaîtra pas vos lieux de résidence et de travail.
Une collecte de données à l’insu des utilisateurs même après désactivation des paramètres de localisation
Les employés de Google sont interpelés par le fait que le géant du web ait des paramètres capables de continuer à collecter des données de localisation après que l’utilisateur ait manuellement désactivé le partage et l’historique de la position.
A quoi ça sert de désactiver ces paramètres si malgré tout, vos données sont toujours enregistrées ?
Autre chose, lorsque vous partagez votre position avec une application donnée depuis votre smartphone, vous la partagez automatiquement au même moment à Google. En effet, Google a exigé le partage des données de localisation à toutes les applications disponibles sur Google Play Store, Apple Store et Aptoide (?). Ainsi, à tous les niveaux, Google parvient toujours à récupérer les données.
Le procureur de l’Arizona dévoile au grand public grâce à des documents clés, la collecte illégale de données de localisation par Google. Après tout, les utilisateurs méritent d’avoir la main mise sur leur confidentialité.
Un porte-parole de Google nous rapporte ceci : « Les contrôles de confidentialité sont depuis longtemps intégrés à nos services et nos équipes travaillent en permanence pour les améliorer. Concernant les informations de géolocalisation, nous avons entendu les commentaires faits à ce sujet, et avons travaillé dur pour améliorer les contrôles de confidentialité. Même ces extraits publiés de manière sélective indiquent clairement que l’objectif de l’équipe était de “réduire la confusion autour des paramètres de l’historique des positions ».
Pour conclure…
- Le géant du Web, dans sa quête accrue du gain financier a mis sur pied une stratégie permettant de collecter les données de confidentialité des utilisateurs d’Android avec ou sans consentement. Heureusement que de nombreuses associations sont également aux aguets pour permettre aux utilisateurs non seulement de savoir que leurs données sont utilisées à leur insu par Google mais aussi pour leur permettre de contrôler le partage de leur données confidentielles.